Une taxe sur le stationnement qui fait mal aux commerçants
Mélissa Gélinas
Lors de l’adoption du budget 2025, le 10 décembre 2024, il a été décidé d’étendre la taxation des espaces de stationnement non résidentiels à l’ensemble du territoire de la ville de Gatineau. Cependant, cette nouvelle taxe est loin de faire l’unanimité chez les commerçants.
Plus précisément, cette mesure vise les grandes aires de stationnement de type commercial, incluant les véhicules immatriculés, qu’il s’agisse de clients ou d’employés. Les petits commerces, les sociétés privées de transport en commun, les concessionnaires automobiles, les compagnies de taxi et les espaces liés aux activités courantes des entreprises (comme la livraison et la logistique) bénéficient d’une exemption.
Les objectifs sont la diversification des revenus, la réduction de la dépendance à la taxe foncière ainsi que la diminution des impacts environnementaux et de la mobilité. La mesure devrait générer des revenus de 27 millions de dollars pour la Ville. « Ce que nous voulons taxer, ce sont les grands espaces de stationnement, car nous savons qu’en faisant cela, nous allons être capables de redévelopper la ville sur la ville; être capables de limiter ces grands espaces de stationnement là afin de les transformer, par exemple, en stationnements souterrains étagés, ou en logements qui permettront de répondre à la crise du logement », souligne la mairesse de Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette.
Compte tenu de l’inflation, des taux d’intérêt élevés ainsi que du manque de main-d’œuvre, plusieurs entreprises ont vu leurs coûts exploser, et encore davantage depuis la réception de leur facture de taxes municipales. « Nous parlons d’une hausse de taxation pouvant aller jusqu’à 30 % », souligne Etienne Fredette, directeur général de la Chambre de commerce de Gatineau (CCG). « Cette nouvelle taxe représente une pression supplémentaire pour des secteurs déjà fragilisés. Nous parlons de plus de 27 millions de dollars qui sont absorbés par 40 % des entreprises ».
Il souligne qu’il est essentiel de rappeler que, depuis la pandémie, les entreprises ont été durement affectées économiquement. « Pour ce qui est du timing, le moment n'aurait pas pu être plus mal choisi ! », s’exclame-t-il.
Par ailleurs, ces entreprises sont constituées majoritairement d’épiceries et de pharmacies, qui représentent des services essentiels. « La plupart des épiceries de notre région paient environ 300 000 $ en taxes supplémentaires », commente M. Fredette. « Les coûts vont donc devoir être refilés aux clients. En conséquence, votre sac de carottes pourrait vous coûter plus cher ».
En plus de hausser les prix pour les consommateurs, cette nouvelle taxe risque fort de fragiliser les commerces et de réduire les emplois. « Ce n’est surtout pas cette taxe-là qui va régler les enjeux de mobilité durable », exprime-t-il. « Nous demandons donc à la Ville de revoir sa façon de l’appliquer, si ce n’est l’abolir ».
La CCG recueille présentement les témoignages de commerçants pour connaître la hausse de taxe à laquelle ils font face et les répercussions que celle-ci pourrait avoir concrètement sur leur entreprise. Les informations recueillies permettront à la CCG de déterminer l’impact réel de cette mesure et de mieux défendre les intérêts de ses membres. Par ailleurs, la CCG invite les commerçants à se déplacer en grand nombre à la prochaine séance du conseil municipal, prévue le 18 mars, afin d’interpeller les élus à ce sujet.