Taxe carbone : d’importants écarts de prix sur l’essence entre Gatineau et Ottawa

Mélissa Gélinas

Le premier ministre Mark Carney a signé un décret qui abolissait, à compter du 1^er avril dernier, la taxe sur le carbone partout au Canada, sauf au Québec. Comme la province possède son propre système de tarification (système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre — SPEDE), instauré en 2013, l’Outaouais tout comme le Québec devra continuer à imposer cette taxe aux consommateurs. Par conséquent, cette situation entraîne un écart de prix considérable sur l’essence entre les régions frontalières, comme c’est le cas pour Gatineau et Ottawa.

« Jamais, de mémoire d’hommes ou de mémoire de femmes, nous n’avons vu des écarts aussi importants », exprime Carol Montreuil, vice-président de l’Association canadienne des carburants. « Ce sont des différences qui peuvent atteindre jusqu’à 30 cents le litre […] », ajoute-t-il.

Selon M. Montreuil, c’est une situation intenable pour les détaillants d’essence qui doivent faire face à ce genre de compétitivité dans une période économiquement difficile. « Les consommateurs ont raison de magasiner de meilleurs prix », souligne-t-il. « Cela ne veut pas dire que les gens ne se préoccupent pas de l’environnement, mais actuellement, ils ont d’autres priorités avec la hausse du coût de la vie », poursuit-il. « Le gouvernement devrait mettre en place un système de rabais sur l’essence, s’il souhaite donner un répit et rendre les détaillants plus compétitifs ». 

« Le problème, c’est que les gens ignorent où va l’argent de cette taxe », mentionne Daniel Breton, président et directeur général chez Mobilité Électrique Canada. « Les gens doivent être mieux informés et avoir un meilleur accès à l’information, car pour le moment, il y a un manque énorme de transparence ». 

Tout d’abord, l’argent engendré par la taxe carbone servira à l’investissement de plusieurs projets de réseau de changement climatique qui sont soutenus financièrement par le gouvernement du Québec. « Pour certains bons projets et moins bons projets », commente M. Breton. Parmi les principaux projets, il y a le dossier des infrastructures de recharge et l’achat de véhicules électriques. Toutefois, d’ici 2027, le rabais offert pour l’achat d’une voiture électrique disparaîtra. « Le propriétaire de ce type de voiture devra alors payer une taxe », explique-t-il.

« De cette façon, je crois que l’on devrait d’abord et avant tout investir dans un transport collectif efficace et électrifié dans l’ensemble du Québec », enchaîne-t-il. « Actuellement, le transport en commun est sous-financé ».

D’ici 2030, l’objectif du gouvernement est de réduire sa consommation de produits pétroliers de 40 % par rapport à 2013. « Par conséquent, les mesures mises en place à ce jour ne sont pas suffisantes pour atteindre ce taux-là », précise M, Breton. 

Cependant, la transition vers l’achat de voitures électriques semble s’accélérer, ce qui améliorera considérablement l’environnement et la santé de la population. Selon Santé Canada, le coût de la pollution routière au Canada est évalué à plus de 10,5 milliards de dollars, dont 2 milliards pour le Québec », explique M. Breton. 

Néanmoins, le premier ministre du Québec, François Legault, a souligné qu’il faudra attendre les résultats électoraux du 28 avril prochain avant qu’une décision quant à la suspension de ladite taxe soit prise.