Tashi Farmilo

Selon une nouvelle étude de KPMG menée auprès de 123 propriétaires et dirigeants d’entreprise au Québec, la province se démarque en prenant un pas d’avance dans l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) générative. Parmi les répondants, 76 % ont indiqué qu’ils avaient adopté l’IA générative au sein de leur organisation, surpassant nettement la moyenne nationale de 61 %. Près de la moitié (46 %) de ces organisations affirment avoir pleinement intégré l’IA à leurs activités de base, ce qui est considérablement plus élevé que la moyenne nationale de 36 %.

L'avènement de l’IA générative, qui permet de produire facilement du texte, des images ainsi que des clips audio ou vidéo, transforme lentement divers secteurs d’activités de la province. Le principal usage de cette technologie mentionné par les répondants concerne la conformité à la réglementation (50 %), suivi de l’automatisation des tâches courantes grâce aux « copilotes » (37 %) et de la production de documents de marketing (30 %). Ce recours croissant à l’IA remodèle la façon dont les entreprises fonctionnent, reflétant son potentiel pour améliorer la productivité et les conditions de travail, ainsi que stimuler l’innovation.

« L'adoption rapide de l'IA générative par les entreprises du Québec est impressionnante, et le fait que la technologie soit utilisée de plus en plus au sein des organisations témoigne du leadership audacieux de la province pour les affaires, ainsi que d'un écosystème d'IA dynamique et favorable », a déclaré David Marotte, responsable des données et de l'intelligence artificielle pour la région du Québec chez KPMG. 

L’IA générative est perçue comme un levier stratégique pour les entreprises québécoises. En effet, 92 % des répondants considèrent cette technologie comme essentielle pour maintenir un avantage concurrentiel, comparativement à 89 % à l’échelle nationale. Les entreprises s’aperçoivent de plus en plus que l’IA n’est pas seulement un outil permettant d’automatiser des tâches, mais un atout stratégique pouvant stimuler la croissance à long terme.

Or, malgré cet enthousiasme, des défis subsistent. Selon le sondage réalisé par KPMG, la compréhension et l’adoption de l’IA par les employés constituent un obstacle majeur pour 78 % des organisations québécoises, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne nationale. Les enjeux éthiques se classent au deuxième rang, les trois quarts des répondants québécois ayant mentionné les ensembles de données biaisées, la protection de la vie privée, la responsabilisation, la transparence, la propriété intellectuelle et la désinformation comme des obstacles qui nuisent à l’utilisation de l'IA au sein de leur organisation.

Bien que l’IA générative soit une priorité d’investissement pour 72 % des organisations, ce chiffre est légèrement inférieur à la moyenne nationale de 75 %. Selon M. Marotte, il en est probablement ainsi parce que les entreprises québécoises ont été plus nombreuses à investir tôt dans la technologie que les entreprises comparables de partout au pays.

« Mais il ne suffit pas d'adopter simplement l'IA générative », affirme M. Marotte. « En effet, les entreprises doivent comprendre toutes leurs capacités et avoir une stratégie globale quant à la façon d'appliquer efficacement ces capacités à l'ensemble de leurs activités. C'est ainsi qu’elles tireront le maximum de leurs investissements dans l'IA générative ».

Parallèlement au déploiement de l’IA, le Québec travaille à élaborer un cadre de gouvernance visant à assurer l’utilisation responsable de cette technologie. Le Conseil de l’innovation du Québec a fait valoir que ce cadre devra refléter nos valeurs pour mieux protéger les droits et libertés de la personne tout en favorisant l’innovation. Alors que le Québec continue de montrer la voie en matière d'IA, son approche proactive à l’égard de la technologie et de la gouvernance pourrait servir de modèle à d'autres régions confrontées à la montée rapide de cette technologie.