Le Québec aux prises avec des pressions économiques et des déficits structurels
Tashi Farmilo
Louis Lévesque, président du Comité des politiques publiques de l'ASDEQ, et André Bernier, directeur général de l'Association des économistes du Québec, ont souligné les défis importants auxquels est confronté l'avenir fiscal du Québec dans une déclaration récente. Ils ont averti que le déficit de 11 milliards de dollars de la province pour l'exercice 2024-2025 est principalement structurel, soulignant la nécessité de réformes substantielles pour atteindre la viabilité budgétaire à long terme sans compromettre la prestation des services publics essentiels.
Cette déclaration fait suite à la mise à jour économique 2024 présentée le mois dernier par le ministre des finances Eric Girard.Le rapport a mis en évidence la performance économique du Québec, meilleure que prévue, avec une croissance de 1,2 % en 2024, soit le double de la projection antérieure de 0,6 %. Cependant, il a également révélé des pressions fiscales importantes dues à l'augmentation des coûts. Les dépenses du portefeuille devraient maintenant augmenter de 6,5 % en 2024-2025, bien au-delà des estimations initiales, en raison de la demande accrue de services publics, de l'augmentation des coûts du service de la dette et des tendances inflationnistes. Malgré l'amélioration de la croissance économique, le déficit reste une question urgente, qui s'explique par des problèmes structurels plutôt que par des facteurs temporaires.
Les données présentées dans la mise à jour économique fournissent un contexte crucial pour les défis fiscaux du Québec. Entre 2018 et 2024, les dépenses de programmes du Québec ont augmenté à un taux annuel moyen de 7,4 %, comparativement à 5,5 % pour l'Ontario. D'ici 2024-2025, les dépenses de programmes du Québec devraient atteindre 150,7 milliards de dollars, contre 98,1 milliards de dollars en 2018. En revanche, les dépenses de l'Ontario, bien qu'elles soient plus importantes en termes absolus (205,5 milliards de dollars en 2024-2025), ont augmenté plus lentement par rapport à sa population et à sa taille économique. La croissance plus rapide des dépenses du Québec a ajouté 15,1 milliards de dollars à ses dépenses, un chiffre équivalent au déficit actuel. Au cours de la même période, l'Ontario a amélioré sa situation budgétaire, passant d'un déficit de 7,4 milliards de dollars en 2018-2019 à un excédent projeté de 800 millions de dollars en 2024-2025.Pendant ce temps, le solde budgétaire du Québec s'est détérioré de 16,6 milliards de dollars.
M. Lévesque a souligné que le gouvernement s'est engagé à équilibrer le budget d'ici 2029-2030, mais que pour y parvenir, il faudra limiter la croissance des dépenses à une moyenne de 2,2 % par an au cours des cinq prochaines années, ce qui contraste fortement avec les tendances récentes. Ce niveau de discipline budgétaire, a-t-il noté, exigera des réformes novatrices et une définition minutieuse des priorités afin de maintenir la qualité et l'accessibilité des services publics.
Le CPP s'est également inquiété de l'équité intergénérationnelle, soulignant les risques de laisser aux futurs contribuables des déficits non résolus et des infrastructures vieillissantes. La déclaration souligne la nécessité de réformes fiscales ciblées et d'une meilleure allocation des ressources.
La déclaration souligne la nécessité de réformes fiscales ciblées et d'une meilleure allocation des ressources publiques pour relever ces défis sans augmenter la charge fiscale des travailleurs, en particulier alors que la province est confrontée au vieillissement de sa population et à des pénuries de main-d'œuvre.